Petit retour sur une plongée dans la politique velo de la capitale Suédoise et d’une ville de province.
Stockholm est encore loin de Copenhague, ou Amsterdam, mais clairement très largement en avance sur nos métropoles.
Eskilstuna est une ville de province, à un peu plus de 100km de Stockholm.
65000 habitants, une agglomération de 90000 habitants.
Ce qui est intéressant avec cette commune, c’est que sa superficie est quasiment la même que Ancenis-Saint-Gereon (à 2 km2 près en plus), avec 5 fois plus d’habitants, et pour autant de larges avenues et de grands espaces. L’agglomération à une taille comparable à la compa, la densité hors du centre chutant très rapidement.
Des pistes cyclables quasiment continues, en et hors agglomérations. Les voies rapides étant systématiquement doublées par des voies partagées piétons/vélo, avec marquage au sol.
Des l’arrivée à la Gare d’Eskilstuna, la politique velo est clairement affichée. Des emplacements vélo à profusion, occupant plus de place que les parkings voitures très proches. Les grands parkings voiture sont plus loin.
Par exemple, au regard du trafic de la Gare d’Ancenis, le parvis entier et le petit parking à droite de la gare serait occupés par des parkings vélos.
Des emplacements spécifiques pour les cargos, et pour les stationnements longs, un garage sécurisé, gratuit pour 14 jours, puis 10€ par mois.
Eskilstuna possède une université, dont le parking à vélo est encore plus grand que celui de la gare, avec une station de service pour vélo, gonflage, support pour accrocher son vélo pour le réparer et de l’eau potable.
Les vols de vélos sont plus rares ici, on laisse plus facilement son vélo, les vélos dans les trains sont rare, parce que soit on a deux vélos, soit on utilise les services de locations de sa ville d’arrivée.
Par exemple à Stockholm, le service de location de vélos électriques en libre service est à prix dérisoire (2,60€ pour 14jours, 15,70€ par an 😳, puis 1,10 par heure d’utilisation, 14h max à suivre).
Stockholm possède près de 600km de pistes cyclables, mais aussi à l’extérieur de l’agglomération où il n’est pas rare de rallier des communes en itinéraire continu à plus de 60kms de la capitale.
Les itinéraires sont balisés partout, avec des feux spécifiques pour traverser les carrefours dangereux.
De nombreuses voies cyclables sont partagées avec les piétons avec une cohabitation normale, le marquage au sol étant respecté à la fois par les cyclistes et les piétons, les piétons trouvant parfaitement normal d’être avertis d’un coup de sonnette de l’arrivée du vélo et s’écartant naturellement.
Le vélo est intégré parfaitement dans l’aménagement du territoire. Une gare de banlieue (type TER) a son garage à vélo accessible directement par des rampes d’accès de part et d’autres des voies, depuis la passerelle donnant accès aux voies.
Les immeubles collectifs sont pourvus de locaux sécurisés pour les vélos, et certains ensembles ont même des accès possibles en vélo (et fauteuil roulant) depuis les appartements aux étages, par des rampes sur l’ensemble de la façade.
Dans les trains de banlieues peu de vélos, même si les emplacements sont prévus. (plus rikiki que dans nos TER).
Une raison évoquée plus haut, sur un mode de fonctionnement différent que chez nous (plusieurs vélos et service de location très accessibles), mais surtout parce qu’il est simple de faire 30kms à vélo depuis la banlieue avec les itinéraires continus. Ensuite, la gare de banlieue de Stockholm est située très profond, et descendre en vélo serait une épreuve (mais on peut s’arrêter avant la gare centrale).
Un petit point sur les transports en communs de l’agglomération de Stockholm, superbement développés avec la possibilité de prendre le train de banlieue jusqu’à plus de 60 kms, et bien sûr métro, tram, bus et bateaux.
Le péage Urbain à Stockholm, le prix prohibitif des stationnements, et le montant des amendes favorisent d’autant les déplacements doux et transports publics.
Un petite pensée sur les comportements avant de conclure. Tout comme chez nous, j’ai pu observer des comportements déviants (non respect des piétons, de la signalisation..), même si ils sont moins fréquents que ici ou à Nantes. Ils sont par contre plus fréquents qu’il y a une dizaine d’années. Par exemple, il n’y avait quasiment aucun piéton qui traversait avec un petit bonhomme rouge ! On s’aperçoit toutefois que l’automobiliste Suédois a l’habitude de croiser cyclistes et piétons et la cohabitation est facilitée.
Pas de voiture sur les trottoirs, pas de voitures sur les pistes cyclables, la police suédoise aligne rapidement avec des amendes particulièrement élevées.
En conclusion, quand la volonté politique est là, beaucoup de choses sont possibles. Malheureusement, notre politique cycliste est trop tardive, et la place laissée à l’automobile est aujourd’hui très difficile à inverser.
L’aménagement du territoire n’a pas été pensé pour le vélo et le pietons, hors les enjeux climatiques actuels doivent nous permette de faire marche arrière.
L’approche pragmatique des Scandinaves permet d’établir des consensus pour le bien commun. Par exemple, la nature est particulièrement préservée, et pour autant il n’est pas rare de trouver de grands immeubles, avec une préservation d’un cadre de vie (larges espaces verts partagés, jardin partagés, barbecues collectifs, aires de jeux, accès direct à l’eau, pontons pour se baigner, etc….).
Je reviens de ce séjour (comme souvent quand je reviens de Suède) admiratif de ce pays. Et aussi profondément pessimiste sur l’avenir chez nous de la politique cyclable et piétonne, nous avons un retard insurmontable.
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